SAINT
SEIYA : ARES
CHAPITRE 2 :
LES BERSERKERS
C'était comme un immense cri, ou plutôt un appel.Oui,
c'était un appel, un appel discontinu et qui lui était adressé à elle, Saori
Kido.Ou plus probablement à Athéna, ce qui revenait au même.
Elle l'avait senti dès qu'il était arrivé au
Sanctuaire.Une cosmo-énergie gigantesque qui l'appellait.Il pouvait s'agir de
n'importe qui, peut-être même d'Hadès.Mais elle n'avait pas peur.Elle s'était
laissé guider depuis le temple d'Athéna jusqu'au vieux temple-annexe d'Arès,
dieu de la guerre.Et maintenant, elle en gravissait les marches ce que personne
n'avait fait depuis des siècles.
Soudain, elle le vit, de dos seulement.De grandes ailes
de métal lui sortait des omoplates.Il portait une lance et un grand bouclier
rond, et était revêtu d'une armure dorée, brillante comme du diamant.Il était
debout, au fond d'une allée de colonnes, devant le vieux siège d'or qui, jadis,
lui avait appartenu, maintenant recouvert d'un voil noir en signe d'abandon,
regardant distraitement la statue d'Arès, fracassée, qui se dressait au-dessus
de lui.
Saori ne l'avait jamais vu, mais, en tant qu' Athéna,
elle le reconnaissait.Des vagues de souvenirs amplissaient sa mémoire, des
souvenirs de guerre et de douleurs.Alors, elle murmura:
_Arès...
Et Arès se retourna.Cétait bien lui, le dieu de la
guerre, le seigneur des batailles, le maître de la violence, avec, sous son
casque grec en alliage de platine, ses yeux d'un vert brillant, ses cheveux
noirs et son visage d'albâtre.Et avec, aux lèvres, un sourire méchant.Elle se
rendit compte, alors, qu'elle devrait être terrifiée par sa présence.
_Salut à toi, ma trés chère soeur!
Pendant un instant, elle se dit qu'elle avait mal
entendu.Arès parlait, chose inhabituelle, avec un accens germanique, et elle
avait dû mal comprendre.Et puis Saori se souvint qu'il l'avait toujours
appellée "ma soeur".Il n'y avait jamais rien eu entre les personnes à
travers lesquelles ils s'était incarnés, mais, dans la mythologie, Arès était
le frère d'Athéna, et, mondain de nature, il avait toujours tenu à respecter
les apparences.Saori se dit qu'il aurait tout aussi bien pu l'appeller "ma
fille" ou "ma femme", avec un peu de malchance.
E tout cas l'accueil était étonnant.Le démoniaque Arès,
dans ses souvenirs, était un être jaloux, ne songeant qu'à reprendre le
Sanctuaire, qu'il considérait lui revenir de droit.Et là, il l'appellait
"ma trés chère soeur".Qu'est-ce que cela voulait dire?
_Tu es bien inconsciente, reprit Arès, de venir me voir
sans escorte.
_Je tenais à affronter moi-même mon adversaire, sans
mettre en danger mes chevaliers.
_Comme c'est mignon! Mais tu ne serais pas venue, seule,
à bout de mes vingt-huit berserkers!
Arès faisait allusion à ses chevaliers mercenaires qui le
suivait partout.
_Je n'aperçois aucun de tes hommes ici, répliqua Saori.
_Exact! (Arès ferma les yeux).Je les vois, ils arrivent,
tous, au grand complet! Ils répondent à mon appel.
Saori soupira:
_Si c'est la guerre que tu veux, Arès, je ne peux pas te
la refuser.C'est toi qui décide de ces choses, mais je dois t'avouer que nous
ne t'attendions pas...
_Tu t'attendait sûrement à l'arrivée de tonton Hadès.
_C'est ce qui était prévu, oui.
_Alors, il viendra, il n'oublie jamais.Mais je te dois
des explications sur ma présence en ces lieux.
_En effet, le sceau qui te retenait prisonnier ne devait
pas se rompre avant au moins deux-cent ans.
_J'avoue que je ne comprends pas non plus.Ce n'est pas
moi qui l'ai détruit.Peut-être qu'une puissance supérieure à la notre a décider
de me libérer...dans un but précis.
_Dieu ne peut libérer les démons tels que toi, Arès.
_Et pourquoi serais-je un démon?J'étais le maître du
Sanctuaire, jadis!(ses yeux se réduisirent à deux fentes lumineuses)Avant que
tu ne me le prennes, dit-il les dents serrées.
_Tu déformes les faits, reprit Saori.Je me permets de te
rappeller que tu as trahi l'idéal du Sanctuaire.Tu t'y conduisais en véritable
tyran, un peu comme Poseidon et Hadès dans leurs mondes respectifs, en
utilisant tes berserkers pour exécuter tes basses besognes.J'ai été envoyée
pour redresser tout cela.Et c'est ton obstination à t'accrocher au trône qui
nous a plongé dans la guerre civile...que tu as perdu.
_Oui, et regarde le résultat maintenant.Ta chevalerie est
décimée, à cause d"une autre guerre civile, tout aussi absurde.Vous ne
résisterez pas à l'assaut des forces d'Hadès.
_Il s'était rapproché de Saori de façon à la regarder
droit dans les yeux.
_En tout cas, pas sans mon aide, lâcha-t-il.
_Que...Que veux-tu dire?
_Que si je suis revenu, c'est pour défendre ce
Monde.C'était ma tâche, autrefois, et ça l'est encore aujourd'hui.Je suis
certain que c'est la raison de ma présence ici.En d'autres termes, Athéna, mes
berserkers et moi-même, sommes à ton entière disposition.
_Ca, il n'en est pas question!
Aiolia avait littéralement bondi de sa place et il ne
fallait pas être devin pour se rendre compte, en le regardant, que le chevalier
d'or du Lion n'exprimait que ses pensées les plus convenables.Et ce n'était pas
étonnant.Tout au long de leur entraînement, on apprenait aux chevaliers du
Sanctuaire qu'Arès était le plus ignoble des adversaires, parce que c'était un
menace interne, capable de corrompre les fidèles d'Athéna et de reprendre le
pouvoir au moindre signe de faiblesse.
Aussi, la surprise de ces chevaliers n'avait rien
d'illogique.Ils étaient là, les cinq chevaliers d'or survivants de la bataille
du Sanctuaire : Mû du Bélier, Aldébaran du Taureau, Aiolia du Lion, Shaka de la
Vierge et Milo du Scorpion, réunis autour de la table du Conseil, à treize
places, dont seulement six étaient occupées aujoud'hui.La treizième place,
place d'honneur autour de cette table ronde, était bien sûr celle d'Athéna (ou
du grand Pope durant l'abscence de la déesse).Quand à la place du chevalier
d'or de la Balance, le vieux maître ne pouvait l'occuper, étant en train de
surveiller le réveil d'Hadès.
On ne réunissait le Conseil qu'exceptionnellement,
lorsqu'il fallait juger un chevalier traître au règlement du Sanctuaire.Les
décisions étaient prises à la majorité.Là, c'était la proposition d'Arès qui
était jugée, et celui-ci attendait bien tranquillement dans la salle des
accusés, voisine de celle du Conseil, sa puissance gigantesque empêchant les
chevaliers télépathes, genre Mû ou Shaka, ou même Athéna, de lire dans son
esprit.
Les chevaliers d'or réfléchissaient.Ils avaient senti la
cosmo-énergie des berserkers, qui se dirigeaient vers le Sanctuaire et avaient
aussitôt répondu à la demande de Conseil d'Athéna.Mais ils ne s'attendaient pas
à devoir juger une proposition d'alliance aves Arès, dieu de la guerre! Et ils
devaient se dépêcher, les premiers berserkers allaient arriver au Sanctuaire,
et ils étaient bien capables de massacrer les gardes s'ils les empêchaient de
passer!
_Chevaliers, déclara Saori, j'attends du Conseil des
chevaliers d'or qu'il me fournisse une réponse claire et rapide.Donc, pesons le
pour et le contre une fois pour toutes.Que penses-tu de cette entente, Mû?
_Je me méfie du Dieu de la guerre, Princesse, répondit Mû
(princesse était le terme employé au Sanctuaire pour désigner Athéna).Je penses
que si nous acceptons cette cohabitation, ses chevaliers et lui-même seront
bien placés pour nous renverser.Essayons d'abord de savoir s'il est franc...
_Il ne l'est pas! coupa Aiolia.
_Je penses qu'il l'est, chuchota Milo.
Tous les yeux se tournèrent vers lui.Légèrement mal à
l'aise, il reprit:
_Je veux dire...S'il nous mentait, il ne nous raconterait
pas des histoires aussi vagues sur son réveil.Hors, il ne sait pas lui-même de
quelle manière il est revenu, alors qu'il aurait pu inventer un scénario
infaillible.
_C'est vrai, déclara Aldébaran.Mais je pense qu'il y a un
autre point à analyser.Arès n'a pas tort lorsqu'il dit que le Sanctuaire est à
genoux. Nous avons perdu certains de nos meilleurs éléments, alors que l'armée
d'Hadès va nous revenir au grand complet, cent-huit spectres en pleine
forme.Hors, les berserkers offrent un appui non négligeable.Certains d'entre
eux sont au moins aussi fort que nous autres, chevaliers d'or.D'autant plus
que, si nous vexons Arès, il est capable de se ranger dans le camp des
spectres, lui et ses hommes.Nous serions alors dans une mauvaise situation.Vous
vous rendez compte? Une alliance Hadès-Arès! Celui-ci en est bien capable pour
reprendre son trône.
_Justement! tonna Aiolia.Je ne me fie pas à des types
pareils! (il jeta un regard circulaire sur ses pairs).Ne me dites pas que vous
avez peur d'une bande de mercenaires!
_Il faut être réaliste, Aiolia, dit Shaka.Voici ce que je
proposes : si Arès et ses berserkers restent au Sanctuaire, nous les aurons
sous la main.Nous pourrons les surveiller.Donc, les garder à
"l'essai" un certain temps.Nous aviserons ensuite suivant leur
comportement.
_Cela ne coûte rien d'essayer, en effet, répondit
Saori.Quelqu'un s'oppose-t-il à cette proposition?
Led chevaliers gardèrent le silence.Saori se tourna vers
Aiolia.Celui-ci grommela:
_Je suis d'accord, mais je pense que nous allons le
regretter.
Saori appella Phaéton, capitaine de la garde, chevalier
d'argent du Toucan, et transfuge des armées du Grand Pope, qui attendait
derrière la porte:
_Ordonnez à tous les postes de garde de mener vers le
temple d'Arès toute personne qui se déclarerait berserk du dieu de la guerre,
se présentant au Sanctuaire.Ceci sur ordre d'Athéna.
Dans l'autre salle, Arès attendait le verdict.A peine
Saori eut-elle ouvert la porte, les chevaliers d'or étant retournés dans leurs
temples, qu'il déclara:
_Bravo! Vous avez pris une bonne décision!
_Il est interdit d'espionner le Conseil! s'écria Saori,
indignée.
_Je suis désolée, mais vos murs sont si étroits! Et puis,
j'ai des oreilles de dieu!
Son rire se répercuta sous les voûtes du temples
d'Athéna.
Et c'est ainsi que, cette même nuit, Arès emménagea dans
son temple.Quand à ses berserkers, ils retournèrent discrètement dans les
habitations spécialement aménagées pour eux sur les côtés du temple de leur
maître, à l'époque où ils cohabitaient encore avec les chevaliers du
Sanctuaire.Les gardes purent se vanter de les avoir tous vu passer.
Le lendemain, la nouvelle parut au Japon qu'Arès avait
conclu une alliance avec Athéna pour protéger le Sanctuaire, annoncée par un
messager personnel de Saori.Seiya, qui
était surveillé par Ban et par Ichi, apprit la nouvelle sans enthousiasme.Il ne
pouvait se convaincre de la sincérité du dieu de la guerre et brûlait d'envie
de se rendre au Sanctuaire voir ce qui s'y passait.Il se méfiait au plus haut
point des berserkers : ils ne se battaient que pour le sang.Mais de toute
façon, il était dans l'incapacité de faire quoi que ce soit ; son armure
déteriorée ne devait pas être réparée, sur ordre d'Athéna, qui espérait faire
éviter les combats à ses chevaliers de bronze.Il ne pouvait même pas retourner
voir Marine, alors qu'il s'agissait peut-être de sa soeur perdue, cachée sous
le masque du chevalier d'argent de l'aigle.Il se prit à envier Ikki, disparu
aprés la lutte contre Poseidon, et qui lui, était libre de ses
mouvements.Malgré tout cela, Seiya ne pouvait en vouloir à Saori, à cause de
qui il se morfondait à Tokyo, lui et ses compagnons.Surtout, il se demandait ce
qu'attendait Hadès pour attaquer.
Au Sanctuaire, la cohabitation se révélait fort simple,
hormis l'humour d'Arès, que Saori supportait de moins en moins.En fait,
personne ne voyait jamais les berserkers, malgré le témoignage de certains
gardes, qui assuraient les avoir aperçus.Les plus mystérieux étaient les quatre
guides des armées d'Arès : l'armée du Nord, l'armée du Sud, l'armée orientale
et l'armée occidentale, chacune composée de six hommes, plus leur chef, représentant
chacune une branche de l'Etoile de la guerre.De tous les berserkers, ces quatre
là passaient pour les plus forts, mais ils restaient constamment dans le temple
d'Arès, avec leur maître.
Quand aux chevaliers d'or, ils attendaient que la
surveillance sous laquelle ils avaient placé les berserkers donne un
résultat.Néanmoins, ils ne pouvaient les surveiller eux-même, Saori ayant
insisté pour aménager dans le temple d'Athéna dans l'attente d'Hadès et la
mission principale des chevaliers d'or étant de garder le chemin des douze
maisons du Zodiaque, qui menaient à ce temple.
A SUIVRE ...